OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Tommy Vaudecrane : activiste multi-tâches http://owni.fr/2011/03/15/tommy-vaudecrane-activiste-multi-taches/ http://owni.fr/2011/03/15/tommy-vaudecrane-activiste-multi-taches/#comments Tue, 15 Mar 2011 13:32:27 +0000 Florian Pittion-Rossillon http://owni.fr/?p=31154 La France a toujours été un marché difficile a exploiter pour les acteurs associatifs ou professionnels positionnés sur les musiques électroniques festives. De circulaires ministérielles en pressions informelles, les institutions ont souvent privilégié la répression aveugle sous des motifs divers. Résultat, en 2011 (comme en 1968) la France s’ennuie et les publics festifs de toutes les générations vont festoyer à l’étranger. Mais, à l’heure où la musique électronique est, chez nos voisins proches, une industrie culturelle florissante, et quand cette même musique est le moteur d’une culture de masse, les freins traditionnels commencent à être sérieusement remis en cause.

Technopol, association dédiée au développement des cultures électroniques festives, occupe dans les débats sur la possibilité d’une nuit festive en France une place de choix. C’est un think tank voué à l’action grâce à ses adhérents et son conseil d’administration, aussi bien qu’un organisateur d’évènements. En effet, Technopol a créé et produit rien moins que le plus gros évènement culturel de rue dans Paris intra-muros (après la Fête de la Musique) : la Techno Parade. Réflexion, action, expérience et vision : Technopol se trouve naturellement au cœur de nombre de projets visant à donner aux musiques électroniques festives, enfin, le niveau qu’elles méritent d’avoir en France.

Tommy Vaudecrane, Président de Technopol, rappelle qu’en France, musiques électroniques festives riment d’abord avec engagement. Un engagement dont Henri Maurel, grande figure de la culture electro récemment disparue et jusque là co-Président de Technopol, avait fait la preuve à de nombreuses reprises. Avant de commencer l’interview, Tommy lui rend hommage.

“Cette interview est un échange entre Florian/DJ Speedloader et moi depuis début Décembre 2010. Entre le début et la finalisation de celui-ci, une tragédie à frappé de plein fouet l’association Technopol : la disparition de mon Co-Président, Henri Maurel, également l’un des fondateurs de Technopol en 1996 et l’un des créateurs de la Techno Parade en 1998. C’est avec une très grande peine que nous faisons face à ce moment difficile mais c’est aussi avec une conviction encore plus forte et une détermination encore plus grande que l’association mènera à bien l’ensemble des projets pour lesquels nous avons été élus Henri et moi et que nous portions depuis Juin 2010.

Paix à ton âme Henri et sois-en sûr, nous continuerons le combat !” (Tommy Vaudecrane, mars 2011)

Depuis juin 2010 tu partageais la présidence de Technopol avec Henri Maurel. Cela fait presque 15 ans que cette association est au cœur des nuits françaises, pourtant son rôle reste mal connu. Pourquoi Technopol a-t-il été créé à l’époque et quelles sont ses missions actuelles ?

En fait, en 2011 Technopol soufflera ses 15 bougies mais nous pleurons aussi la perte d’un être qui nous était cher et qui a été un moteur pour l’association et les cultures électroniques depuis plus de 20 ans : Henri Maurel. L’association Technopol a été créée en 1996 par les acteurs historiques des musiques électroniques, dont Henri, qui subissaient une répression politique forte et organisée (circulaire Pasqua de 1995) aussi bien sur les soirées payantes que les free party. Un lobby gouvernemental a été mis en place afin de faire reconnaître les musiques électroniques et c’est en 1998, suite à la publication d’une circulaire interministérielle (Culture, Intérieur & Défense) reconnaissant l’aspect culturel de la musique électronique, que la Techno Parade a été créée afin d’offrir une manifestation festive qui est devenue en 12 ans le plus grand dancefloor à ciel ouvert de France, le temps d’une journée !

Aujourd’hui la nouvelle équipe élue en Juin 2010 travaille sur de nombreux nouveaux chantiers pour continuer d’accompagner les acteurs de la scène dans leur professionnalisation et de défendre les acteurs qui ont encore, aujourd’hui, besoin de nous.

Ces derniers mois on constate un fort retour en arrière et de nombreuses interdiction abusives de soirées électroniques, mêmes légales, dans les différentes régions où le triptyque : Mairie, Gendarmerie, Préfecture fonctionne à merveille !

Est-ce que cela veut dire que, pour la techno comme pour beaucoup de choses en France, rien ne peut être fait sans un étroit contrôle de l’administration ? Est-ce à dire que la création et l’expression culturelle sont subordonnées au bon vouloir du Prince ?

Oui tout à fait, un étroit contrôle, des connivences politiques et une acceptation institutionnelle… Parfois on a l’impression que tout ceci est de la poudre aux yeux. On rencontre les autorités, on a l’impression d’avancer et on se rend compte, qu’autour de nous en fait rien n’avance, voire on ressent une certaine régression… D’un côté une volonté d’expression culturelle soutenue par le Ministère, les DRAC et autre et puis une fermeture quasi totale de la part des Mairies, Gendarmeries et autres Préfectures. Un jeu vicieux est joué à coups de pressions téléphoniques, d’invitation à reconsidérer tel ou tel événement sous prétexte d’ordre public, de drogues et autres raisons fallacieuses jouant sur les peurs basiques auprès de gens ignorants.

D’ailleurs, ces derniers mois on constate un fort retour en arrière et de nombreuses interdiction abusives de soirées électroniques, mêmes légales, dans les différentes régions où le triptyque : Mairie, Gendarmerie, Préfecture fonctionne à merveille ! Un coup la gendarmerie met la pression (officieuse, une sorte d’invitation sans traces, un coup de téléphone suffit) sur le lieu, un autre coup c’est la Mairie (le maire est maître à bord dans sa commune sauf à Paris) et des fois la Préfecture mais c’est rare car les gendarmes et les mairies font très bien leur travail de sape.

Défense, reconnaissance et promotion

Comment Technopol se place, aux côtés des autres acteurs (type syndicats ou autres associations), dans le paysage des instances de la nuit française ?

La mission première de Technopol est la défense, la reconnaissance et la promotion des cultures et musiques électroniques. De fait, notre intervention se fait sur les points relatifs à cette culture et sa place dans la nuit française. La musique électronique ayant une position de plus en plus importante dans le paysage de la nuit française, nous prenons une place de plus en plus importante dans les discussions. Une des illustrations est notre forte implication dans les Etats Généraux de la Nuit et les Nuits Capitales.

Du côté Syndicats et Sociétés Civiles nous commençons à explorer les possibilités de rapprochement avec la SPEDIDAM via le SAMUP ou la CGT Spectacles, notamment sur les questions de statuts du DJ, mais rien n’est acté ou décidé en ce sens. Technopol souhaite rester une structure associative militante indépendante et non politisée.

L’un de nos objectifs est de mettre en place des accords avec certains syndicats ou sociétés civiles afin de faire bénéficier nos membres d’avantages liés à ces organisations.

Nous allons également adhérer à la CSCAD et permettre à nos membres organisateurs d’y adhérer, ce qui leur permettra notamment de bénéficier de tarifs SACEM préférentiels.

Les discussions sont encore complexes, très émotionnelles entre ceux qui veulent dormir tranquille et ceux qui veulent faire la fête.

Est-ce que la connaissance qu’a Technopol de la nuit française lui permet de dégager des particularités régionales, en France ? Ou alors est-ce les questions qui se posent à la nuit sont les mêmes à Paris et à Vesoul ?

Un peu des deux je pense. Suite à la pétition que nous avons lancée « Paris : Quand la Nuit Meurt en Silence » nous avons eu des échos en région notamment à Lyon et Marseille. Partout en France on entend parler de fermetures de bars, de nuisances sonores, de fermetures administratives. Nous avons donc un souci commun aux grandes agglomérations avec l’éternel conflit entre riverains/police et lieux/organisateurs. De plus en plus de villes souhaitent développer ou upgrader leur offre festive nocturne mais les discussions sont encore complexes, très émotionnelles entre ceux qui veulent dormir tranquille et ceux qui veulent faire la fête.

Tommy Vaudecrane, Président de Technopol et passionné des musiques électroniques festives depuis 20 ans.

On constate des difficultés à Lyon par exemple, car les associations n’ont quasiment plus de subventions de la ville et la plupart des événements électroniques sont interdits ou fortement freinés.

On peut également dégager des tendances régionales en effet, avec le développement de la free party légale et parfaitement gérée notamment en Bretagne et dans le Sud de la France, régions qui disposent de magnifiques lieux extérieurs pouvant accueillir ce type de grand rassemblement. Le clubbing a toujours été très développé dans le Nord et l’Est du fait de la proximité de pays comme l’Allemagne, la Belgique, la Suisse et la Hollande avec leurs mégas clubs et rave parties.

Tu rappelles que Technopol travaille beaucoup avec la SPEDIDAM sur les statuts du DJ.  Cela veut-il donc dire qu’il y a un gouffre entre les DJ-dieux vivants à la Guetta, pour qui la musique est une business unit parmi d’autres, et les DJ qui vivent avant tout de leurs prestations ? Car en France en 2011, grâce ou à cause des Guetta, Sinclar et autres, la représentation collective du DJ est qu’il roule sur l’or…

Oui un gouffre, en tout cas sur les sommes touchées lors de représentations publiques par exemple. Un DJ comme ceux que tu viens de citer touche entre 35000 et 75000 euros (voire plus) pour une heure ou deux heures de « non-mix, lève les bras et te décoiffe pas trop ». On est ni dans le djing, ni dans la performance artistique et je trouve personnellement ces sommes démesurées et pas du tout en phase avec le spectacle fourni par ces gens. Sachant que Guetta n’est pas considéré comme DJ mais comme auteur compositeur.

DJ hardcore, drum and bass et autres sons durs

Ton arrivée à ce poste, c’est une des nouvelles expressions de ta passion pour la scène électronique ? Comment cette passion s’exprime-t-elle par ailleurs, depuis que tu es arrivé dans ce milieu ?

Multi-tâches (rires). Les musiques électroniques rythment ma vie et me font vibrer depuis bientôt 20 ans. Ma passion, ma dévotion se traduisent par de nombreuses implications personnelles qu’elles soient artistiques, événementielles ou militantes.

Je suis déjà passé chez Technopol entre 2002 et 2005 en tant qu’administrateur, j’y ai notamment créé l’observatoire de la fête pour recenser les incidents et venir en aide, dans la mesure du possible, aux organisateurs. J’ai également tenté un rapprochement avec la free party, mais ça s’est un peu moins bien passé, disons que notre main tendue n’a pas été si bien accueillie que ça… Et suite à cette main tendue, le premier collectif des sons s’est créé…

Aujourd’hui la scène doit se professionnaliser si elle veut exister comme dans nos pays voisins. J’ai donc de nouveau décidé de mettre mes compétences, mon expérience, ma sensibilité au service des musiques électroniques. C’est l’expression militante de ma passion.

Par ailleurs j’essaie de faire vibrer les gens en tant que DJ hardcore, drum and bass et autres sons durs, depuis près de 17 ans sous le pseudo DJ AK47, et je compose de la musique, notamment avec mon groupe BudBurNerZ (17 maxis et 6 albums). J’organise des soirées avec le collectif Party Uniq depuis 2005 et plus récemment avec la société Bass Nation qui a produit les deux événements Megarave France à l’Elyséee Montmartre.

Tommy Vaudecrane, sous le nom de DJ AK47, est également une des figures de la scène hardcore. Ses prestations foudroient les dancefloors de France et d'Europe depuis le milieu des Rugissantes Années Rave : les années 90.

Alors, question professionnalisation justement, quels sont les métiers qui doivent se développer dans le milieu de la nuit pour rendre celle-ci viable ? Et comment articuler cette professionnalisation avec une présence associative traditionnellement très forte sans qu’il y ait discorde ?

Il faudrait déjà une reconnaissance institutionnelle de certains statuts comme le DJ ou le VJ afin que ceux-ci puissent exercer leur métier en toute tranquillité sans être dans une situation de précarité entre cachets au noir, remboursement de frais et autres arrangements. Qu’ils puissent cotiser pour leur retraite, avoir des congés (sans obligatoirement avoir le statut d’intermittent).

Une ineptie parmi tant d’autres : prenons un DJ amateur passionné, qui exerce un métier la semaine et qui joue le week-end pour son plaisir mais qui est assez connu pour prétendre à une rémunération. Il assure donc un revenu complémentaire grâce au DJing (en plus d’assouvir une passion). Eh bien il a été décidé par le Ministère de la Culture et sous la pression des syndicats, que ce DJ ne pourrait utiliser le statut d’auto-entrepreneur pour facturer et être payé… Alors que ce statut a spécialement été créé pour permettre à des salariés d’avoir un revenu complémentaire… Belle logique n’est-ce pas !

Technopol dispose d’une forte crédibilité à tous les niveaux.

Technopol est une assocation, donc tu es bénévole. Oeuvrer dans les musiques électroniques en France, ça relève forcément de la dévotion ?

Souvent oui car pour la plupart des organisateurs, des artistes et autres acteurs de la scène c’est une passion dans laquelle ils investissent tout leur temps, leurs économies avec souvent de lourdes pertes à la clef. Mais l’associatif est aussi une arme de lobby puissante lorsqu’elle est reconnue et Technopol dispose d’une forte crédibilité à tous les niveaux ce qui permet d’engager des discussions sérieuses et de voir certaines avancées possible.

Et puis après près de 20 ans de plaisir intense apporté par les musiques électroniques, je peux bien donner un peu de mon temps pour que toutes les musiques et cultures soient entendues et représentées !

La Techno Parade est depuis 1998 la vitrine festive de l'action de Technopol.

Que peut-on espérer comme résultat concret et à court terme de l’action de Technopol ?

Nous avons de nombreux chantiers qui concernent les différentes composantes de « l’écosystème électronique ». Nous travaillons par exemple sur le statut du DJ et sa possible affiliation à un syndicat ou une société civile via Technopol. Ces projets font partie de nos « Polarités » qui sont des groupes de réflexion, d’action et de lobby autour des problématiques liées aux différents acteurs de la scène : Organisateurs, Artistes (DJ&VJ), Disquaires, Web Radios, Evénements Eco-Responsables, etc.

Nous avons bon espoir d’obtenir des avancées concrètes en 2011 sur plusieurs de ces points, notamment via notre affiliation avec la CSCAD qui va permettre aux promoteurs membres de Technopol d’y adhérer et de bénéficier de taux SACEM négociés pour les événements en salle et en clubs.

D’un point de vue événements nous allons lancer de nouveaux projets. Nous préparons une semaine de la Techno Parade avec en clôture une Nuit de la Techno digne de ce nom (comme on peut le voir en Suisse en Allemagne, en Hollande ou en Belgique) ! D’ici là, une fête de la musique au pied de la Tour Eiffel avec les Bateaux Parisiens est également prévue.

Expertises professionnelles et passionnées

Tous les projets que tu décris supposent un grand nombre d’expertises au sein de Technopol. Peux-tu préciser comment est structurée l’organisation ?

Technopol dispose de nombreuses expertises chevronnées. Nous avons un conseil d’administration de 15 personnes, toutes professionnelles et passionnées de musiques électroniques qui mettent leurs compétences à disposition de nos membres et de la scène pour mener à bien ces chantiers. Les polarités ont pour référent un membre du CA et nous impliquons également nos adhérents dans les réunions de réflexion. Les membres sont également les bienvenus pour participer à ces réflexions.

A la Techno Parade, on peut voir des bonnes soeurs du couvent de Saint-BPM dispenser la bonne parole au public en liesse.

La scène électronique française, c’est France terre de constrastes, entre les superstars à la Guetta/Sinclar/Garnier et l’apocalypse de la free-party. Une voie du milieu est-elle possible, autre que l’electro-bobo-lounge ?

On pourrait mettre Guetta et Sinclar dans une free et 69DB à la prochaine soirée Unighted pour voir ce que ça donnerait ? (Rires)

Chez Technopol nous avons bon espoir que les choses évoluent en France. Les 15 dernières années électroniques ont été riches et ont fait émerger de nouvelles musiques et surtout de nouvelles pratiques festives. La free party par exemple, a, pour la première fois, offert aux jeunes une réelle alternative au Macumba Night du coin ou aux boîtes select.

De nouveaux espaces festifs, de nouvelles musiques, de nouvelles pratiques de consommation ont émergé. De même que la sortie en boîte de nuit a évolué vers le clubbing et le public est parti découvrir les offres clubbing européennes induisant ainsi des pratiques dites de new clubbing. Tout ceci ayant pris en maturité nous réfléchissons, notamment dans le cadre de nos polarités, à de nouveaux types de fêtes, l’appropriation de nouveaux lieux, notamment en banlieue parisienne avec le Grand Paris. La nuit a toujours su se renouveler et nous espérons y participer !

Historiquement les prix des boissons ont toujours été élevés dans les clubs français.

Peux-tu donner quelques exemples de ce que vont chercher les français à l’étranger ?

On a vu se développer autour de nous en Europe une offre festive nouvelle, propre aux musiques électroniques. Au Nord comme au Sud les villes frontalières ont vu se développer très tôt l’offre festive électronique avec les méga clubs belges et espagnols, les énormes raves hollandaises et allemandes et ce dès le début des années 90. Avec l’arrivée d’Internet et des voyages low costs ces événements ont attiré un plus large public qui voulait rompre avec la monotonie de l’offre festive électronique française. On voit tous les mois plusieurs milliers de français prendre le train, l’avion ou le bus pour aller dans ces mégas événements qui n’ont encore aucun égal en France.

Qu’est-ce que Technopol peut répondre aux jeunes clubbers qui se demandent pourquoi à Paris ils payent leur bière 9 euros alors qu’à Amsterdam elle en coûte 2,50 ?

Historiquement les prix des boissons ont toujours été élevés dans les clubs français car c’est leur moyen de se faire une marge (paraît-il). Pari pas forcément intelligent car du coup, ceci a aussi été un des facteurs de désertion de ces clubs (en plus d’une programmation musicale pauvre et d’une sélection particulière à l’entrée) au bénéfice d’événements type free parties, squat parties, etc…

Amsterdam et la Hollande c’est particulier car c’est aussi le pays d’un des plus grands brasseurs au monde. Mais concrètement, nous sommes l’un des pays avec les prix de consommation les plus élevés en Europe alors que notre culture de l’alcool laisserait à penser le contraire…

Passion et culture de marque

Technopol travaille avec Ableton pour proposer des formations certifiées à des artistes débutants ou confirmés. Quel est le suivi artistique que vous proposez à ceux qui viennent se former chez vous ?

Nous ne proposons pas de suivi artistique, nous donnons les moyens aux artistes qui souhaitent exprimer leur créativité d’apprendre à maîtriser ces outils. Ensuite c’est à eux de créer et de s’intégrer dans le circuit artistique et le courant musical qu’ils souhaitent suivre. Nous donnons juste les moyens d’arriver à l’expression de sa créativité avec les outils modernes. Nous lançons des formations sur Usine, un logiciel de studio français et quasi gratuit et réfléchissons à des formations Cubase ou encore des modules courts sur Traktor, Serato et autres.

La Techno Parade révèle le potentiel festif des créatures de toutes obédiences. Ici : des filles.

On le sait, le développement de la scène électronique passera par un renforcement du lien entre les promoteurs d’évènements et les marques qui en seront les sponsors. Comment Technopol envisage cela ? Comment concilier la passion associative à l’origine de Technopol et les contraintes du marché ?

Chez Technopol nous avons naturellement cette culture du fait de la Techno Parade et de la présence de marques sur cet événement. La cohabitation entre passion et culture de marque n’est pas incompatible à partir du moment où l’association sait jusqu’où elle veut aller en termes de visibilité offerte à une marque partenaire. Nous allons lancer une polarité « Marques et Musiques Electroniques » afin de partager les expériences existantes avec nos membres et de créer une sorte de « hub » pour les marques qui souhaiteraient entrer en contact avec des événements ou acteurs de la scène électronique.

Quelle culture techno peut-on espérer pour la France ?

Une culture électronique débridée, colorée, festive, éclectique et passionnée !

Article initialement publié sur le blog Culture DJ

Crédits photos : Hardlight, Sophie Party Uniq

Crédits photos Techno Parade : Colleen Curnutte, Ollografik, Philippe Leroyer

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Vendredi c’est Graphism S02e09 http://owni.fr/2011/03/04/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e09/ http://owni.fr/2011/03/04/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e09/#comments Fri, 04 Mar 2011 07:30:57 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=49554 Bonjour à toutes & tous et bienvenue à bord de l’OWNI graphique du vendredi :-)

Aujourd’hui, notre revue de la semaine fait des aller-retours entre design numérique et graphisme imprimé, il va donc nous falloir sauter de l’un à l’autre avec, comme toujours, les yeux grands ouverts. Je vous propose donc cette semaine un travail mélangeant peinture classique et dessin-animés, une publicité Windows Phone 7 qui a des allures d’Apple, un coup de gueule pour protéger la vie de l’Association, une très belle animation et des interfaces mobiles. Je vous proposerai aussi de jeter un œil sur ma dernière affiche et un petit WTF avec un gros ours de deux mètres.

Un bon vendredi graphique à vous tous ! :-)

Geoffrey

Pour commencer notre revue de la semaine, voici un travail graphique vraiment intéressant car il s’agit de la rencontre entre le dessin animé & la peinture classique. Avec des airs de Roger Rabbit, une pincée de situationnisme et une bonne dimension culturelle, ces images racontent à chaque fois une histoire croisée. Un peu comme si deux mythologies se rencontraient. On redécouvre alors certains tableaux ou certains personnages de dessin-animé sous un nouvel œil.

Par exemple, l’avant-dernière peinture est une œuvre d’Édouard Manet intitulée « Un Bar aux Folies-Bergère ». Elle est inspirée du naturalisme de son ami Émile Zola. Le montage remplace ici le personnage principal (une vraie employée des Folies Bergère) par la célèbre Jessica Rabbit du film « Qui veut la peau de Roger Rabbit ». Le mélange des deux tournent autour de la thématique du double, du reflet, entre le « vrai tableau » qui place derrière la serveuse, un miroir qui la reflète de façon inexacte, et la symbolique de Jessica Rabbit qui déclare dans Roger Rabbit: « je ne suis pas mauvaise, je suis juste dessinée comme ça », on appréciera donc la subtilité du mélange ;-)

source

Cette semaine, nous avons également eu le plaisir de découvrir la dernière publicité non-officielle pour le Windows Phone 7 qui vient de sortir. Elle se veut novatrice, même si elle a parfois des allures de pub Apple et pourtant, on dirait qu’elle s’inscrit dans la « tradition » des publicités un peu psychédéliques de Microsoft, notamment celles avec Steve Ballmer.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Et Steve Ballmer en 1986 :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

On enchaîne avec une actualité assez malheureuse car il s’agit de l’Association qui ne se porte pas très bien. L’Association est une maison d’édition française de bande dessinée, fondée en mai 1990 par Jean-Christophe Menu, Lewis Trondheim, David B., Mattt Konture, Patrice Killoffer, Stanislas et Mokeït et elle édite des très bonnes bandes dessinées.

En quelques mots, l’Association va devoir licencier 3 ou 4 salariés (sur les 7 existants). Les salariés sont ainsi en grève depuis un mois car la direction refuse de présenter les résultats et notamment les bénéfices de l’entreprise pour justifier un tel licenciement…). Bref, en soutien aux salariés, les dessinateurs de l’Association ont mis aux enchères, chaque jour, un dessin pour payer les honoraires des avocats et si possible, les aider financièrement à supporter les 31 jours de grève qu’ils viennent de traverser.

le site pour soutenir l’Associationsource

Toujours du côté des artistes, voici un projet d’animation réalisé par une jeune équipe (Mathorne Bo, T. Sørensen Tue, Larsen Gil Arthur, Rie C. Nymand, Mads Simonsen, Thomas H. Grønlund, Sloth Jacob Esben, Martin Holm-Grévy) et qui n’a de cesse de m’enchanter. L’histoire est assez sombre mais saura trouver une touche graphique particulière, quelque chose de personnel, d’unique, notamment dans l’animation des personnages.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Cette semaine fût également pour moi celle de la découverte d’un site Internet signé par Mari Sheibley, une designer de New-York qui travaille pour Foursquare. La majorité de son travail tournant autour du mobile, Mari a décidé de concevoir mobile-patterns.com, un site qui recense  les applications iPhone et Android par typologie d’interface. Cette bibliothèque de modèles d’interfaces mobiles vous servira peut-être si vous travaillez sur les interfaces mobiles et si vous recherchez l’inspiration :-)

le site

Avant-hier, j’ai pris un peu de temps pour dessiner cette affiche sur ce qu’on appelle les “Révolutions Arabes” (comme pour les circonscrire?). Je vous la partage donc, en précisant qu’elle est en Creative Commons & qu’elle est également disponible en grand format :-)

source

Pour finir cette semaine sur un WTF un peu trash, voici le travail de Mori Chack (森チャック), un artiste japonais spécialisé dans le domaine du graphisme. On se concentrera donc sur deux vidéos de “Gloomy Bear”, un ours rose de deux mètres de haut, violent et se nourrissant d’enfants. Vous l’aurez compris, ils sont l’antithèse de Hello Kitty et autres symboles kawaii… Attention les yeux ! ;-)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le petit mot de la fin sera pour attirer votre attention sur les images de ces révolutions en ce moment, ces images, A4, en noir et blanc, découpées rapidement sur Paint, ou ces affiches plus grandes, parfois sérigraphiées ou diffusées en masse sur Twitter. Ce sont des choses précieuses et rares que celles-ci, n’hésitez donc pas à vous y attarder, à les collecter et les garder bien au chaud :-)

Bon week-end ! :-)

Geoffrey

Bon vendredi

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Qui a encore peur de la musique techno ? http://owni.fr/2010/10/19/qui-a-encore-peur-de-la-musique-techno/ http://owni.fr/2010/10/19/qui-a-encore-peur-de-la-musique-techno/#comments Tue, 19 Oct 2010 13:20:33 +0000 Florian Pittion-Rossillon http://owni.fr/?p=27144 Florian officie la nuit sous le nom de Dj Speedloader, et écrit sur le blog Culture Dj.

Le rock en tant que culture, c’était du prêt-à-penser pour les baby-boomers de la génération consommation. La Techno en tant que musique, c’est l’étendard du fun dans une société post-triste. On aimerait s’y rallier dans une ferveur prophylactique. Mais voilà, on ne peut pas.

A la fin des années 80, il est de bon ton d’en rire après l’avoir affublée d’un « musique de pédés » sans appel. Au milieu des années 90, s’inscrivant dans le temps et s’arrogeant une popularité croissante, elle fait peur. Au début des années 2000, la Techno, devenu réservoir à fantasmes, voit les édiles organiser promptement sa cérémonie funèbre : le « retour du rock ». Parce que le format groupe / couplet-refrain / album / concert-qui-se-termine-tôt, c’est forcément mieux.

Le DJ est devenu une figure populaire, trop bien pour les meufs.

Est-ce que les BB Brunes, The Gossip et les Libertines ont libéré la France de l’angoisse qui poigne ses entrailles à chaque évocation du Mot ? La Techno fait-elle (encore et toujours) peur ?
Moins ! Car elle s’est banalisée.

- Après 25 ans dans le paysage, elle profite de l’effet « on-s’habitue-à-tout ».
- Le DJ est devenu une figure populaire, généralement affublée des valeurs de sympathie, fun, mode, trop bien pour les meufs.
- Les sonorités électroniques dansantes sont partout, de la musique de publicité à la pop de jeune fille à frange.
- La Techno a libéré les danseurs occasionnels de la honte d’avoir à effectuer des pas de danse imités d’un film ou d’un clip.

Les sonorités électroniques dansantes – boucles, beats – sont utilisées partout : pop, R&B, hip-hop

Mais toujours trop ! Car la France a peur.
- Après 25 ans dans le paysage, la Techno pâtit de l’effet « free party », dont l’ampleur en France la distingue de ses voisins européens
- Le DJ est devenu une figure populaire, souvent raillée, car bien peu de gens savent ce qu’il fait vraiment quand il n’a pas les bras en l’air.
- Les sonorités électroniques dansantes – boucles, beats – sont utilisées partout : Pop, R&B, Hip-Hop, mais signalées nulle part. Moderne ingratitude.
En France, Techno rime toujours avec malentendu. La réunion de conditions propices à son développement, grâce à l’expansion de la culture New Clubbing, n’y suffit pas : subsiste un goulet d’étranglement. Tentative de détection.

La Techno peine à faire reconnaître sa viabilité économique

Dans l’écosystème Techno, tout se joue sur le dancefloor. Tout s’y passe, tout en vient. A la base de la pyramide : les DJ bars. Puis, en montant : les clubs (le cœur de l’offre), les raves/events, et les festivals.

En France, la Techno peine à faire reconnaître sa viabilité économique car son circuit de diffusion physique est déséquilibré et rachitique. Il y a très peu d’évènements et de festivals, et les clubs qui tournent, au cœur de l’offre, sont peu nombreux. Par conséquent, les dernières années ont vu une scène Techno essayant de se développer par le point d’entrée le plus accessible, les bars.

Or, quel que soit leur équipement et leur communication, ils ne pourront jamais prétendre proposer un niveau d’ambiance équivalent à celui des clubs, et a fortiori des évènements. Les bars, c’est bien pour les before, et pour que les DJ débutants se fassent la main. Jamais ils ne rendront la nuit magique. Les bars sont une fausse piste.

Les angoisses gauloises, nourries de récits apocalyptiques de free parties saccageuses de pâturages.

Alors, lestée d’énormes contraintes, anémiée par la rareté des fondamentaux, la scène française est fertile en épiphénomènes et en figures extra-Techno (David Guetta, Justice, Daft Punk, à la Techno ce que les Beatles étaient au rock : une gentille initiation) constituant la marge d’un épicentre que l’on aimerait voir croître enfin.

Les associations, cœur et poumon de la scène Techno française.

L’éco-système Techno français, dynamique mais peu structuré, peinant à se doter d’évènements très visibles, souffre par suite d’un déficit de représentation médiatique. D’où la persistance des angoisses gauloises, nourries de récits apocalyptiques de free parties saccageuses de pâturages.
Les observations qui précèdent ne diminuent en rien le travail héroïque des associations, cœur et poumon de la scène Techno française.

Associations qui, malgré le coût exorbitant des lieux, les pressions subies pour tapage nocturne (accentuées par la législation sur la cigarette imposant au public de fumer dans la rue si le lieu n’a pas de fumoir), et la concurrence des DJ bars ayant reconverti leurs caves en piste de danse, continuent d’animer nos nuits.
Les observations qui précèdent ne diminuent en rien le travail courageux des clubs et lieux qui maintiennent des programmations audacieuses, drôles, innovantes, ou alors simplement distrayantes. L’entertainment n’est pas honteux.

L’arrivée de professionnels de la communication et du spectacle

Il reste que pour que la France arrive à vaincre sa peur de la Techno, il faudra que celle-ci réussisse son intégration économique à grande échelle. Celle-ci passe par la viabilisation d’une économie des clubs, raves/events et festivals. Et donc par un afflux massif de professionnels de la communication et du spectacle dans la conception et la promotion d’évènements Techno. La décennie 2010 sera celle de la rencontre entre son potentiel mal connu et une économie des clubs basée sur des modèles à renouveler. Espoir !
A suivre donc :
- La Techno, quel potentiel pour quel bénéfices ?
- Les clubs, quels modèles pour quel avenir ?

En gardant en tête que pour la Techno, tout se joue sur le dancefloor.

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Cet article a été initialement publié sur Culture DJ

Crédits photo Flickr CC : iamdonte, little_fella_dynamics

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Par ici la bonne subvention! http://owni.fr/2010/05/31/par-ici-la-bonne-subvention/ http://owni.fr/2010/05/31/par-ici-la-bonne-subvention/#comments Mon, 31 May 2010 06:46:52 +0000 h16 http://owni.fr/?p=16982 OWNI publie le point de vue de H16, qui présente les résultats d’une enquête sur les subventions de la région Ile-de-France. Son analyse au vitriol, qui se passe parfois de vérifier les infos (difficile de trouver une source fiable sur l’appartenance de Jean-Paul Huchon à la franc-maçonnerie), met néanmoins le doigt sur un sujet de taille – un demi milliard d’euros.

C’est grâce au travail de fourmi de Chitah (dont on peut lire quelques articles sur Contrepoints.org et sur son site) que je découvre, consterné, la liste des subventions distribuées par la région Île-de-France aux associations et autres entreprises plus ou moins connues. Rassurez-vous : l’argent des Franciliens est bien utilisé pour aider les politiciens et leurs suiveurs à sortir de cette crise terrible.

Comme l’impose la loi, la région Île-de-France a donc publié – manifestement à contre-coeur – la liste des subventions dont elle a généreusement aspergé certaines associations et entreprises choisies avec soin.

Galimatias opaque inexploitable

Je dis à contre-coeur, car à en juger par la forme que prend cette publication, on comprend que la notion d’exploitabilité des données n’était pas le but d’une telle production. Tout est fait pour que le galimatias opaque écrit tout petit soit à la fois illisible et inexploitable. Publier un ficher excel aurait probablement été trop pénible.

Moyennant une petite re-numérisation, Chitah a donc réussi à transformer le résultat en fichier directement manipulable, et ainsi mener quelques calculs intéressants.

Pourquoi faire clair quand on peut faire illisible ?

Tout d’abord, on peut commencer par trier l’ensemble des données autrement qu’alphabétiquement par le nom de l’association ou de la fondation bénéficiaire. Cela permet de dégager des tendances et d’aller fouiller un peu dans les gros versements. C’est toujours intéressant, puisque finalement, ce sont les impôts des Franciliens qu’on voit, ici, au travail.

Et ce travail permet de grandes et belles choses !

On passera sur les récipiendaires comme l’association Football Club de Montrouge et ses 15.000 euros, qui semblent relativement logiques : qu’une partie des ponctions fiscales partent dans des associations culturelles et sportives diverses, on s’y attend. Dans un monde parfait, les membres de telles associations cotiseraient eux-mêmes pour disposer des locaux ou des équipements, mais en Socialie française ou la solidarité forcée des gens pauvres de certains quartiers envers des gens plus pauvres d’autres quartiers est devenue une réalité si habituelle que plus personne n’y fait vraiment attention.

Une partie de ces subventions tombe donc sur des associations qui, finalement, se justifient sans peine et auraient probablement l’assentiment d’un grand nombre de Franciliens…

Mais en réalité, j’aimerais m’attarder sur d’autres montants, d’autres « associations », pas toutes culturelles ou sportives (à moins d’étendre largement la définition de ces deux mots dans des domaines insoupçonnés). Et là, en épluchant le passionnant listing, on découvre des pépites, dont l’article sur Contrepoints se fait l’écho.

85% des subventions vont à 10% de bénéficiaires

On découvre ainsi que 85% des subventions vont à 10% de bénéficiaires. En terme de répartition, le socialisme ressemble beaucoup au capitalisme, à la nuance près du monopole de la force et du “Ferme ta gueule ou tu auras un contrôle fiscal”, qui marche bien aussi.

Puis on commence, ligne à ligne, le lent travail de découverte ; on vogue de surprises en surprises en notant que les syndicats ne sont pas les plus mal servis. CGT, CFDT, CGPME, MEDEF, UNSA, UNEF, tous reçoivent différents montants, allant de plus de 6.000 d’euros pour le MEDEF à plus de 200.000 d’euros pour la CGT.

Le contribuable francilien, régulièrement acculé à rentrer chez lui à pied par les grèves répétées de ces syndicats, appréciera tout le comique de la situation à sa juste valeur. Franciliens : Huchon, qui, rappelons-le, adore les transports en commun surtout depuis qu’il ne les prend plus du tout, se fout ouvertement de votre gueule.

Une question taraude l’esprit chafouin qui m’anime : est-ce le rôle de la région de subventionner des syndicats ? Vraiment ?

La République laïque arrose les petites pousses confessionnelles

Plus loin, on découvre que la République laïque et religieusement neutre ne s’empêche pourtant pas d’arroser les petites pousses confessionnelles comme des abbayes ou des temples, des associations catholiques, protestantes ou juives. Là encore, le contribuable francilien doit pouvoir se faire à l’idée que, s’il est athée, il contribue pourtant généreusement (on parle en centaines de milliers d’euros à chaque fois) aux deniers de ces différents cultes. À la limite, pourquoi pas, mais là encore, on se doute que l’unanimité d’une telle distribution d’argent public serait vite remise en question si les journalistes faisaient leur travail de publicité autour de ces faits. D’autre part, on peut se demander pourquoi telle ou telle association religieuse bénéficie d’une subvention plus importante de 10, 20 ou 30% qu’une autre. Toutes les religions sont égales, mais certaines valent plus que d’autres, dirait-on.

Plus anecdotique mais néanmoins tout aussi rigolo pour le portefeuille replet des citoyens qui payent tout ça, la région Île-de-France est heureuse de financer, à hauteur de 365.000 d’euros, l’entreprise Mov’Eo… de Haute-Normandie, ou l’association Juristes Solidarité, à hauteur de 28.000 euros, située à… Marseille. La région Île-de-France s’étend de plus en plus ! A ce rythme, elle va bientôt pouvoir ouvrir des ambassades en Bretagne, en Poitou-Charente et en Corse. On attend fiévreusement les premières rencontres au sommet entre Huchon et Royal.

Investir dans les infrastructures. Ou non tiens, plutôt dans des entreprises hors IDF.

Quelles priorités en période de crise ?

Bref. Tout ceci constituerait, déjà et dans une république normalement constituée, d’intéressants sujets de débats : peut-on et doit-on subventionner tout cela ? En cette période de crise, peut-on se permettre d’arroser ainsi à droite ou à gauche des choses qui ne sont pas dans le core-business de la région, à savoir les infrastructures, les universités, les associations caritatives, sportives ou culturelles clairement identifiables comme telles ?

Parce que bon, on ne m’ôtera pas de l’idée que subvenir au Grand Orient de France pour 200.000 euros (dont J.P. Huchon ne fut-il pas membre, au passage ?) n’est pas exactement un devoir collectif ni une nécessité pour la région.

On ne m’ôtera pas de l’idée qu’il est tout de même plus que fort commode et tombe vraiment très bien qu’une association ou entreprise nommée « Le Lieu du design en IdF » reçoive plus de 2.8 millions d’euros (oui oui, quasiment trois millions) sachant que son directeur n’est autre que l’ex-directeur de cabinet de… Jean-Paul Huchon.

Il va de soi que tout ceci est parfaitement légal. Tout ceci n’est probablement en rien un détournement d’argent public, en tant que tel, et doit, plus que probablement, passer les fourches caudines d’un éventuel et très hypothétique audit auquel la région serait soumise si les citoyens, grognant, le réclamaient à cors et à cris.

Il n’empêche que tout ceci sent, encore une fois, une utilisation tout à fait discutable des fonds récupérés sur le dos des contribuables, qui les ont âprement gagnés et ont, objectivement, autre chose à foutre de leur argent que subventionner des associations comme le Forum des Essais sur l’art, Un Monde gourmand ou Energies durables IDF…

Combien de crèches créées ? Combien de trous dans les routes bouchés ?

Combien de grèves évitées ? Combien de crèches créées ? Combien de trous dans les routes bouchés ? Combien de bancs de facs refaits avec l’argent que ces 3.000 associations diverses touchent pour la plupart pour le seul bénéfice des deux ou trois membres qui la composent ? On en fait, des kilomètres d’A86 pour une centaine de millions d’euros ! On en met en circuit, des rames de métro et des bus, pour la même somme !

Eh bien non. Pas de crèches, pas d’A86, pas de bus, plus de grèves des transports en commun dont les tarifs augmentent généreusement – vous la sentez bien, voyageurs usagés, la grosse subvention ? – et plein d’homo festivus heureux de continuer à pomper, légalement, dans le portefeuille des autres.

En Île-de-France, tout va bien : les contribuables payent, des intérêts privés sont arrosés, la collectivité souffre. Jean-Paul est réélu.

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Dans le même temps, on note une véritable vague d’enquêtes de la part de nos journalistes qui veulent absolument savoir si, finalement, toutes ces subventions sont bien dues, et si elles servent bien les intérêts de la région.

Mmh..

En fait, non.

Ah bah oui, j’avais oublié : les journalistes ont autre chose à faire que des enquêtes et dénoncer les gabegies. Surtout en temps de crise.

Ce pays est bel et bien foutu.

>> Le fichier brut est à consulter ici (attention, les montants piquent les yeux)

Billet initialement publié sur Contrepoints, qui l’avait repris chez Hashtable

Images CC Flickr guano, pfala et plousia

Mise à jour 10/06 Ajout du chapeau suite aux suggestions d’un lecteur.

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