Jimmy Wales part en guerre

Le 26/06/2012

[Lu sur The Guardian]

Jimmy Wales n'est pas content. Et le fait savoir dans une tribune au Guardian assortie d'une pétition. Motif de son énervement : le Royaume-Uni a autorisé l'extradition de Richard O'Dwyer, fondateur du site TVShack, vers les États-Unis pour violation du droit d'auteur. L'homme risque dix ans de prison. TVShack est l'un de ces sites qui proposent aux internautes des liens vers des contenus culturels à regarder ou à télécharger. Le fondateur de Wikipédia met en garde :
Un des principes moraux qui fait qu'Internet est ce qu'il est aujourd'hui, de Wikipédia à YouTube, est le fait que les fournisseurs d'accès à Internet doivent être préservés des actions de leurs utilisateurs (1)"


Selon Wales, l'accusation contre TVSchack ne tient pas : proposer des liens vers d'autres contenus n'est pas illégal au Royaume-Uni. Et aux États-Unis, le premier amendement de la constitution protège ce type de sites :
il existe une distinction entre héberger des contenus sous copyright et montrer aux internautes où ils se trouvent.
Exactement ce que fait TVShack selon ses avocats. L'extradition de O'Dwyer est à cet égard, une mesure disproportionnée. Et Wales d'enfoncer le clou : "Cela ne veut pas dire que nous devons abandonner les principes juridiques et moraux existants et laisser nos libertés civiles se faire empiéter indéfiniment au nom des intérêts des moguls d'Hollywood." (2)

Son extradition, si elle est confirmée, pourrait redonner du poil de la bête aux industries et lobbies du copyright. Une nouvelle bataille dans la "guerre au partage" ? En janvier 2012, pour la première fois les internautes en gagnaient une autre, achevée sur un blackout général des Internets, contre les industries culturelles et leurs projets de loi SOPA et PIPA...




(1)"One of the important moral principles that has made everything we relish about the internet possible, from Wikipedia to YouTube, is that internet service providers need to have a safe harbour from what their users do."

(2) "And there is a distinction between hosting copyrighted material and telling people where it is. The latter is protected under the first amendment." (...) It does not mean that we should abandon time-honoured moral and legal principles to allow endless encroachments on our civil liberties in the interests of the moguls of Hollywood.