OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Quelques alternatives aux pesticides http://owni.fr/2011/03/17/quelques-alternatives-aux-pesticides/ http://owni.fr/2011/03/17/quelques-alternatives-aux-pesticides/#comments Thu, 17 Mar 2011 10:40:27 +0000 Gayané Adourian http://owni.fr/?p=34380 Après Le Monde selon Monsanto, Marie-Monique Robin revient en lanceuse d’alerte avec un documentaire efficace, très fouillé et bien ficelé à propos des produits chimiques que nous ingérons malgré nous. Notre poison quotidien est cette fois un réquisitoire contre les industriels de la chimie, mais la journaliste pointe aussi les dysfonctionnements au niveau du circuit d’évaluation des différents produits, avant leur autorisation d’utilisation.

Trois thèmes sont abordés dans le documentaire, partant des agriculteurs victimes de maladies et intoxications chroniques liées à l’utilisation des pesticides en passant par les additifs alimentaires pour finir par les perturbateurs endocriniens (dont le bisphénol A). Tout au long du circuit, Marie-Monique Robin se balade d’institution en institution, appuyant ses recherches avec de nombreuses interviews.

La France championne avec 88 000 tonnes sur 140 000

En Europe, la France est le premier utilisateur de pesticides avec une consommation annuelle de 88 000 tonnes sur 140 000 pulvérisées chaque année. En tout, environ 400 molécules (ou principes actifs) sont autorisées actuellement. Petite comparaison : en 1990, 1 000 substances étaient en circulation, d’après Jean-Charles Bocquet, directeur du syndicat de l’industrie des pesticides, l’UIPP. Et toute la première partie du documentaire traite des problèmes de l’utilisation massive des pesticides.

Mais en regardant Notre poison quotidien, j’ai eu l’impression que l’agriculture n’avait pas évolué depuis 1964, date à laquelle le film Le pain et le vin de l’an 2000 a été diffusé. Comme le dit très bien Marie-Monique Robin toutes les bonnes questions ont été posées dans ce film des années 60, mais la réalisatrice oublie que l’agriculture a évolué depuis, avec par exemple ce qu’on appelle aujourd’hui la chimie verte.

Car parallèlement à toute cette filière, un mouvement autour de pesticides non-toxiques est en marche, illustré par le plan Ecophyto 2018 : ce plan, mis en place suite au Grenelle de l’environnement, prévoit de réduire de moitié les quantités utilisées d’ici… 2018, « dans la mesure du possible » souligne Antoine Blanchard, ingénieur agronome.

Une autre alternative émerge avec les stimulateurs de défenses naturelles (SDN) : basés sur le même principe que celui du vaccin mais appliqué aux plantes, ils font appel à des connaissances bien établies sur l’immunité des plantes. L’idée consiste à pulvériser une substance qui met en branle les réactions de défense des plantes (souvent une substance naturelle, extraite d’une algue ou d’une bactérie), afin d’immuniser celle-ci — sans être directement toxique pour le ravageur et donc pour l’environnement et l’être humain.

Un certain nombre de produits sont déjà commercialisés en France, en Europe et aux États-Unis et les efforts politiques et économiques vont dans ce sens. Mais Antoine Blanchard indique que leur usage ne se diffuse pas, pour plusieurs raisons. Il souligne :

Ils forment un nouveau paradigme, une nouvelle façon de penser la lutte phytosanitaire qui est compliquée à imposer ; ils sont délicats à manier et ont une efficacité plus variable (selon les tests en vigueur).

De plus, ils sont souvent aux mains des grosses firmes de l’industrie phytosanitaire, qui ne sont pas incitées à les mettre en avant. Jean-Charles Bocquet de l’UIPP confirme :

Les SDN sont moins efficaces que les produits chimiques actuellement utilisés, compliqués à mettre au point et posent quelques problèmes au niveau de leur stabilité.

Pourtant, dans ces pesticides de synthèse, chaque paramètre scientifique – efficacité in vivo et in vitro, métabolisme et devenir in vivo, toxicologie, écotoxicologie… – est connu le plus précisément possible, ce qui n’est pas négligeable. Les SDN sont donc un objet encore à l’étude dont les recherches doivent être favorisées.

D’autres alternatives qui sont purement biologiques aux pesticides existent aussi. Celles-ci ont en leur faveur d’être portées par des PME et donc délaissées par les grands groupes, notamment en raison de l’importance des savoir-faire (non brevetables) dans le secteur du biologique. Curieusement (ou pas) Marie-Monique Robin, n’en parle pas du tout dans son film. Elle prône par contre avec force le retour à l’agriculture biologique.

Illustrations FlickR CC : arbeer.de, Leonard John Matthews

Retrouvez notre dossier sur l’enquête de Marie-Monique Robin

Et notre illustration de Une de Elsa Secco en CC (utilisation de l’image de Dave – aka Emptybelly en CC )

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Des alternatives aux pesticides http://owni.fr/2011/03/15/des-alternatives-aux-pesticides/ http://owni.fr/2011/03/15/des-alternatives-aux-pesticides/#comments Tue, 15 Mar 2011 17:03:30 +0000 Gayané Adourian http://owni.fr/?p=51403 Après Le Monde selon Monsanto, Marie-Monique Robin revient en lanceuse d’alerte avec un documentaire efficace, très fouillé et bien ficelé à propos des produits chimiques que nous ingérons malgré nous. Notre poison quotidien est cette fois un réquisitoire contre les industriels de la chimie, mais la journaliste pointe aussi les dysfonctionnements au niveau du circuit d’évaluation des différents produits, avant leur autorisation d’utilisation.

Trois thèmes sont abordés dans le documentaire, partant des agriculteurs victimes de maladies et intoxications chroniques liées à l’utilisation des pesticides en passant par les additifs alimentaires pour finir par les perturbateurs endocriniens (dont le bisphénol A). Tout au long du circuit, Marie-Monique Robin se balade d’institution en institution, appuyant ses recherches avec de nombreuses interviews.

La France championne avec 88 000 tonnes sur 140 000

En Europe, la France est le premier utilisateur de pesticides avec une consommation annuelle de 88 000 tonnes sur 140 000 pulvérisées chaque année. En tout, environ 400 molécules (ou principes actifs) sont autorisées actuellement. Petite comparaison : en 1990, 1 000 substances étaient en circulation, d’après Jean-Charles Bocquet, directeur du syndicat de l’industrie des pesticides, l’UIPP. Et toute la première partie du documentaire traite des problèmes de l’utilisation massive des pesticides.

Mais en regardant Notre poison quotidien, j’ai eu l’impression que l’agriculture n’avait pas évolué depuis 1964, date à laquelle le film Le pain et le vin de l’an 2000 a été diffusé. Comme le dit très bien Marie-Monique Robin toutes les bonnes questions ont été posées dans ce film des années 60, mais la réalisatrice oublie que l’agriculture a évolué depuis, avec par exemple ce qu’on appelle aujourd’hui la chimie verte.

Car parallèlement à toute cette filière, un mouvement autour de pesticides non-toxiques est en marche, illustré par le plan Ecophyto 2018 : ce plan, mis en place suite au Grenelle de l’environnement, prévoit de réduire de moitié les quantités utilisées d’ici… 2018, « dans la mesure du possible » souligne Antoine Blanchard, ingénieur agronome.

Une autre alternative émerge avec les stimulateurs de défenses naturelles (SDN) : basés sur le même principe que celui du vaccin mais appliqué aux plantes, ils font appel à des connaissances bien établies sur l’immunité des plantes. L’idée consiste à pulvériser une substance qui met en branle les réactions de défense des plantes (souvent une substance naturelle, extraite d’une algue ou d’une bactérie), afin d’immuniser celle-ci — sans être directement toxique pour le ravageur et donc pour l’environnement et l’être humain.

Un certain nombre de produits sont déjà commercialisés en France, en Europe et aux États-Unis et les efforts politiques et économiques vont dans ce sens. Mais Antoine Blanchard indique que leur usage ne se diffuse pas, pour plusieurs raisons. Il souligne :

Ils forment un nouveau paradigme, une nouvelle façon de penser la lutte phytosanitaire qui est compliquée à imposer ; ils sont délicats à manier et ont une efficacité plus variable (selon les tests en vigueur).

De plus, ils sont souvent aux mains des grosses firmes de l’industrie phytosanitaire, qui ne sont pas incitées à les mettre en avant. Jean-Charles Bocquet de l’UIPP confirme :

Les SDN sont moins efficaces que les produits chimiques actuellement utilisés, compliqués à mettre au point et posent quelques problèmes au niveau de leur stabilité.

Pourtant, dans ces pesticides de synthèse, chaque paramètre scientifique – efficacité in vivo et in vitro, métabolisme et devenir in vivo, toxicologie, écotoxicologie… – est connu le plus précisément possible, ce qui n’est pas négligeable. Les SDN sont donc un objet encore à l’étude dont les recherches doivent être favorisées.

D’autres alternatives qui sont purement biologiques aux pesticides existent aussi. Celles-ci ont en leur faveur d’être portées par des PME et donc délaissées par les grands groupes, notamment en raison de l’importance des savoir-faire (non brevetables) dans le secteur du biologique. Curieusement (ou pas) Marie-Monique Robin, n’en parle pas du tout dans son film. Elle prône par contre avec force le retour à l’agriculture biologique.

Illustrations FlickR CC : arbeer.de, Leonard John Matthews

Retrouvez notre dossier sur l’enquête de Marie-Monique Robin :

Les dangers de l’aspartame et le silence des autorités publiques, les bonnes feuille du livre de Marie-Monique Robin Notre Poison quotidien

Des alternatives aux pesticides

Et notre illustration de Une de Elsa Secco en CC (utilisation de l’image de Dave – aka Emptybelly en CC )

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“Notre poison quotidien”: un docu difficile à digérer http://owni.fr/2011/03/15/notre-poison-quotidien-un-docu-difficile-a-digerer/ http://owni.fr/2011/03/15/notre-poison-quotidien-un-docu-difficile-a-digerer/#comments Tue, 15 Mar 2011 13:25:53 +0000 Martin Clavey http://owni.fr/?p=51420 Le 15 mars, Arte diffusait le nouveau documentaire de Marie-Monique Robin, Notre poison quotidien. Après avoir traité, avec un certain succès, le thème des OGM dans le Monde selon Monsanto, la documentariste s’attaque maintenant à l’agroalimentaire en général. Elle a enquêté de manière approfondie et très documentée sur trois sujets en particulier :

  • les pesticides
  • l’aspartame
  • le bisphénol A (que l’on retrouve dans de nombreux plastiques).

Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’après l’avoir vu, on a du mal à digérer.

On a du mal à digérer notamment parce que Marie-Monique Robin nous présente un monde occidental dans lequel l’agriculture intensive a tellement pris le dessus que nos agriculteurs ont du mal à réagir face aux différents accidents du travail dont ils font les frais. Car, comme le montre le documentaire, ce sont essentiellement les agriculteurs qui sont victimes de l’usage intensif des pesticides. Depuis des années, l’utilisation de ces produits est très ancrée dans la pratique des agriculteurs. Et les pressions sont très fortes pour ne pas parler des problèmes qu’ils engendrent (aussi bien des autres agriculteurs que des fournisseurs ou des commanditaires). Les agriculteurs ont donc eu beaucoup de mal à faire reconnaître certaines maladies dues à leur usage. Et il a fallu attendre le milieu des années 90 pour que “des études américaines, italiennes et scandinaves montrent que certains cancers étaient plus fréquents dans la population agricole que dans la population générale” indique dans le documentaire le docteur Jean-Luc Dupupet (médecin de la Mutuelle Sociale Agricole).

Marie-Monique Robin revient aussi longuement sur la mise sur le marché de l’aspartame alors que des scientifiques prévenaient déjà la Food & Drugs Administration (FDA) que le rapport bénéfices/risques n’était pas bon. En effet, le bénéfice de l’utilisation de l’aspartame, s’il apporte un certain confort, présente aussi des risques d’effets secondaires et de cancers. Dans son enquête, Marie-Monique Robin explique aussi comment, Searle, la société pharmaceutique productrice de l’aspartame a réussi a imposer aux politiques la mise sur le marché de son produit.

Rendre publiques les données toxicologiques pour un meilleur fonctionnement

La digestion de ce documentaire est encore plus difficile quand on apprend comment les agences de sécurité sanitaire travaillent. Robin dénonce les méthodes de calculs de la dangerosité des produits. Elle explique que la DJA (la Dose journalière admissible par le corps d’un individu moyen de 60 kg), mesure utilisée par toutes les agences, est calculée de manière assez floue. Basée sur des expériences sur les animaux, elle utilise un facteur de sûreté décidé arbitrairement par la FDA dans les années 60.

Pour mesurer cette DJA, les agences utilisent les données fournies par les industriels. Mais ces données sont protégées par une clause de confidentialité et ne sont accessibles qu’aux experts des agences. Il est donc impossible de vérifier le bon fonctionnement du système.

Angelika TRITSCHER, secrétaire adjointe au Joint FAO/WHO Expert Committee on Food Additives (JECFA) et à la Joint FAO/WHO Meetings on Pesticide Residues (JMPR) justifie cette rétention des données par la protection du droit de propriété intellectuelle. Mais comme le dit Eric Millstone, professeur de politique scientifique interrogé par Marie-Monique Robin :

[Cette pratique] ne sert que les intérêts des entreprises chimiques et est complètement contraire aux intérets des consommateurs et de la santé publique. Seules les données qui concernent le processus de fabrication des produits peuvent justifier ces clauses de confidentialité car elles représentent des informations commerciales sensibles. En revanche, toutes les données toxicologiques devraient être dans le domaine public.

La dose ne fait plus le poison

La documentariste aborde aussi le problème du Bisphénol A (utilisés jusqu’à récemment dans les biberons) et du nonylphénol, hormones de synthèse utilisées dans certains plastiques qui entraînent des dérèglements hormonaux graves pouvant déclencher eux-mêmes des cancers (du sein et de la prostate par exemple). Ces substances jouent le rôle de perturbateurs endocriniens : elles ne sont pas toxiques au sens habituel du terme mais perturbent le bon fonctionnement du système hormonal et donc la fonction sexuelle et reproductrice.

Pour les agences de sécurité sanitaire, la DJA est la mesure la plus importante, car elle permet d’autoriser la mise sur le marché agroalimentaire d’une substance. Et cette DJA s’inscrit dans la logique qui fait que c’est à partir d’un certain seuil qu’une substance est déclarée nocive. Mais l’action des hormones n’est pas proportionnelle à la dose injectée. Par exemple, une faible dose d’une certaine hormone peut avoir une action stimulatrice alors qu’une dose importante de cette même hormone peut être inhibitrice. Mais les industriels et les agences restent sur leur dicton “La dose fait le poison” et ne veulent pas tester de produits à très faibles doses.

Enfin, Marie-Monique Robin pointe le fait que les agences sanitaires ne s’occupe aucunement des problèmes qui pourraient être liés aux “cocktails de substances agroalimentaires” sachant qu’au-delà de trois substances ingérées les toxicologues ne savent pas quels effets cela produit sur l’organisme.

Une naïveté parfois un peu trompeuse

Mais Notre poison quotidien est aussi difficile à digérer parce que son auteure refuse à la science et aux scientifiques la possibilité de se tromper et d’être approximatifs. Quand elle pointe le fait qu’une DJA ait été révisée au vu de nouvelles données, elle demande au scientifique en face d’elle si l’ancienne DJA nous protégeait. Mais on sait très bien que n’importe quel seuil de sécurité est posé en fonction des connaissances du moment et qu’il faut réviser ce seuil si on a de nouvelles données. Et ceci n’est pas seulement vrai en science, mais dans tous les domaines.

Enfin, Marie-Monique Robin conclue candidement son documentaire par une séquence en Inde pour nous montrer que dans la population de l’Orissa (état de l’est de l’Inde) les cancers sont “quasiment inexistant” (à l’exception de celui de la bouche dû à la mastication de tabac).

Consommant leurs propres légumes et du Curcumin, les villageois qu’elle rencontre ne connaissent ni cancer, ni obésité. D’ailleurs regardez, la personne interrogée ne sait même pas vraiment ce qu’est le cancer. Ici, Robin va vite en besogne et compare des modes de vie difficilement comparables. Faut-il en conclure que nous devons adopter le mode de vie indien ? Ou que cette fin est un appel a ce que nous ne aidions les pays du Sud à ne pas reproduire nos erreurs ?

Espérons que c’est cette deuxième idée que la documentariste veut faire passer. Il serait naïf de sa part de penser que la solution à tous nos problèmes agroalimentaires consisterait en l’adoption du modèle traditionnel indien.

Cette enquête nous montre que la surveillance des produits de l’industrie agroalimentaire est autant soumise aux pressions et aux conflits d’intérêts que celle du médicament (mis en lumière par le Mediator). Mais dans le cas du médicament, il existe au moins une chaîne de vérification qui n’existe pas dans l’agroalimentaire.

>> Illustrations CC Elsa Secco pour OWNI et FlickR (utilisation de l’image de Dave – aka Emptybelly en CC ) Ðeni [away for a while]

Retrouvez notre dossier sur l’enquête de Marie-Monique Robin :

Les dangers de l’aspartame et le silence des autorités publiques, les bonnes feuille du livre de Marie-Monique Robin Notre Poison quotidien

Des alternatives aux pesticides

Et notre illustration de Une de Elsa Secco en CC (utilisation de l’image de Dave – aka Emptybelly en CC )

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